Une étude d’impact amputée

Conformément à l’article R. 122-5 du Code de l’environnement, l’étude d’impact d’un parc éolien doit décrire le projet dans son ensemble. Les travaux indissociables du projet éolien car préalables et indispensables à sa réalisation (terrassements, défrichements, etc.) relèvent à l’évidence de celui-ci. Le raccordement, lui, n’en fait pas partie. Il y a pourtant beaucoup à dire sur ce sujet.

De plus, “saucissonner” les travaux concourant à un même objectif, privant le public d’une vue d’ensemble du projet, est contraire à l’esprit de l’étude d’impact.

C’est ainsi que, 8 ans après le début du projet, nous avons découvert le tracé de raccordement vers le poste de Chauffailles dans le mémoire en réponse de la CNR à l’avis de la MRAe. Or, c’est le poste de La Clayette qui a toujours été mentionné dans l’étude d’impact, sans pour autant qu’il y ait eu étude.

Pour raccorder le parc éolien au poste de Chauffailles, ce sont 15,5 km de tranchées à travers bois et champs. Ce ne sont pas moins de 6 traversées de ruisseaux ainsi que le passage dans le bourg d’Anglure et sous le viaduc classé de Mussy sous Dun. Ce sont aussi des canalisations coupées et des câbles électriques qui passeront devant le portail des habitations.

Le sujet des champs électromagnétiques n’est jamais abordé par ENEDIS. Si les câbles de distribution sous 20.000 volts véhiculent généralement des puissances modestes, à la hauteur de l’alimentation d’un quartier (quelques dizaines d’ampères), il en va tout autrement lorsqu’il s’agit d’évacuer la puissance d’un parc de 3 éoliennes de 3 MW : lorsque les éoliennes fonctionneront à pleine puissance, le câble supportera 260 ampères !

Le champ électromagnétique étant proportionnel à l’intensité véhiculée, les valeurs de champ magnétique sont multipliées par 10 par rapport à un câble de distribution “ordinaire”. Comme ENEDIS n’est soumis qu’à une simple information de la Préfecture et de la Mairie avant travaux, il ne communique jamais les valeurs de champ au droit des habitations côtoyées par les câbles. ENEDIS ignore royalement le problème et pour cause… cela pourrait lui interdire certains tracés trop proches des habitations !

Les travaux sur les ouvrages de distribution haute tension ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. De leur côté, des riverains peuvent être exposés à des champs magnétiques lors de la traversée des bourgs, la stabilité des immeubles peut être menacée si les fouilles s’approchent trop près des fondations, etc.

Au demeurant, la valeur du champ magnétique est sans doute relativement faible chez les gens, quelques micro-Teslas (μT). Quoi qu’il en soit, on aimerait savoir à quel champ on est soumis en fonction de la distance au câble. Si le raccordement était soumis à étude d’impact, ENEDIS serait obligé de donner des valeurs.

Tous les experts internationaux s’accordent pour dire qu’il y a une augmentation du risque de leucémie chez les enfants exposés à des champs magnétiques résidentiels de plus de 0,4 micro-Tesla. On recommande donc aux autorités en charge de la délivrance des permis de construire d’éviter d’autoriser l’implantation de nouveaux établissements sensibles (hôpitaux, maternités, établissements accueillant des enfants tels que crèches, maternelles, écoles primaires, etc.) dans les zones situées à proximité d’ouvrages électriques lorsque ces zones sont exposées à un champ magnétique de plus de 0,4 μT, valeur proposée par l’Anses.

On applique le principe de précaution en déconseillant l’implantation d’établissements recevant des enfants à proximité des lignes électriques mais on ne se préoccupe pas du tout de l’installation de câbles électriques à proximité immédiate de ces établissements. Et puis, il y a aussi des enfants dans les habitations…

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